Prédateur à quatre roues

Citation :

Asocial prédateur à quatre roues, l'automobiliste parcourt la jungle de la route à la recherche de sa proie préférée : le temps. Chronophage au risque d'en devenir anthropophage, il n'hésite pas à jouer sa vie et celle des autres pour dévorer ces quelques secondes, avaler ces quelques mètres de vide qui l'obsèdent entre lui et son concurrent. Tout espace libre le rend fou, et si un autre ne se précipite pas pour le combler il fera tout pour s'y placer, s'affranchissant de cette distance que l'on dit de sécurité mais qui n'a nulle utilité pour un pilote de son talent.

Orgueilleux chasseur qui ne voit que la maladresse des autres, il pousse son artificiel cri pour signaler la moindre erreur et râle à l'intérieur des fautes de ceux qui le précèdent, et ce avec autant de ferveur qu'il met d'excessive indulgence à excuser les siennes. Le contact du volant rend l'homme le plus courtois irritable animal, réduit l'intelligence du plus fin des esprits, fait du modeste un monstre de suffisance. Le banal objet réveille son instinct de prédateur, et la perspective de gagner une seconde, ou surtout la peur panique d'en perdre une seule, lui fait l'effet du sang sur le requin. Et le voilà redevenu bête, cherchant à gagner ce temps qu'il passe pourtant à perdre.

Et la meute roule en rangs serrés, trop serrés, pour ce jeter sur sa proie, dévorer kilomètre après kilomètre. Mais si l'automobiliste chasse en groupe ce n'est pas pour le bien commun : il n'a point de partenaire, que des concurrents occupant illégitimement son territoire et qu'il tente d'évincer, de doubler, de semer, au mépris du Code qui devrait régir ses routes. Horde de lièvres dépassant la tortue, de gauche comme d'usage ou de droite sans remord, rejetant la faute de cet écart de conduite sur la lenteur du drôle d'animal. Il est fort heureux que ce lagomorphe là ne sache que courir – même si trop souvent à sa perte – et non sauter...

Et si la chance le veut il rentrera rassasié sans avoir fait de victime, sans s'être cassé les dents sur un autre prédateur, et pourra redevenir homme de raison, s'il ne l'a jamais été. Mais gibiers à deux pieds ou à deux roues, prenez garde à ce prédateur que l'évolution rend sans cesse plus solide, le dotant d'une carapace de mieux en mieux conçue et qui le rend plus confiant : se croyant plus en sécurité et ne se souciant guère de celle des autres, il accélère toujours et encore, risquant de perdre une éternité pour le gain d'un éphémère moment.

et voilà l'illustre auteur dont je rêvait de vous présenter les talents...

magnifique... que dire de plus...
apart peut-être: "encore!!!!"...
je dois surement me réppeter à vos yeux, mais vous êtes le plus grands de tous les écrivain encore méconnu à se jour!

c'est qui l'écrivain

Son avatar et son pseudo son juste sur le coté du post...
Mais je suis sur que tu dois avoir une petite idée... qui peut se caché derrière l'image d'un Divin qui tend les bras sans cesse pour acceuillir qui veut bien s'y plonger?...